Véritables Formule Un, les vélos utilisés par les pros sur le Tour de France ou les classiques sont des objets de désirs et d’interrogations pour les passionnés. Quel est leur prix, quelles sont les différences avec les vélos du commerce, peut-on avoir les mêmes ?
Toujours étincelants, au sommet de la technologie, les vélos utilisés par les coureurs pros sur les plus grandes épreuves restent des machines de rêve. Accessibles ? Oui et non, les prix de ces merveilles oscillent entre 10 000 € et 16 000 € pour les modèles dédiés à la route. Pour le chrono, cela peut être encore plus cher. Il faut donc un bon budget ! Mais ce qui rend leur possession possible, ce sont les règlements de l’UCI (Union Cycliste Internationale) qui régissent le cyclisme et imposent que le matériel utilisé soit commercialisé. Sur le papier on peut donc disposer moyennant finances du même vélo que celui du vainqueur du Tour !
1. L’or noir des vélos de pros
Le carbone règne en maître dans le peloton. Cadre, roues, guidon, selle, manivelles et autres font appel à la fibre de carbone. Cela se ressent sur les poids des vélos qui sont tous inférieurs (de peu) à 7 kg. C’est léger, mais sans excès depuis l’apparition des freins hydrauliques à disque et des transmissions électroniques. Avant, les vélos atteignaient facilement les 6,2/6,3 kg prêts à rouler et nécessitaient la mise en place de lests pour atteindre le seuil réglementaire de 6,8 kg. Le carbone permet de disposer de formes aérodynamiques, rigides et qui ne pèsent pas grand chose. Un exemple ? Un ensemble cadre-fourche acier identique à celui de Bernard Hinault lors de son Tour 1985 pesait en moyenne 2 300 g, le kit cadre-fourche carbone qu’utilisait le Blaireau en 1986 était passé 2 100 g. On est aujourd’hui à 1 100 g pour du frein à disque et moins de 1 000 g pour des freins patins (excessivement rares chez les pros !). Pour les roues, le constat est identique et se résume plus facilement. Une paire de roues actuelles pèse le même poids qu’une roue arrière d’il y a 20 ans. Et cela est valable pour de nombreux accessoires. L’autre gain, moins évident et pourtant capital, c’est que ce matériel léger était réservé à des coureurs légers et de belles routes. Maintenant, tous les gabarits d’utilisateurs peuvent l’utiliser et sur toutes les routes. Y compris sur Paris-Roubaix…
Les vélos sont de plus en plus techniques et « aident » les coureurs de façon sensible mais ils ne remplacent toujours pas leurs jambes ! (Crédit DimensionsVélo)
Le Tour de France est le lieu parfait pour lancer ces nouvelles machines. Les vélos y seront vus d’autant plus si leurs utilisateurs les mettent en avant. (Crédit DimensionsVélo)
2. Le kit cadre, base des vélos de pros
Ce qui fait un bon vélo, ce sont le kit cadre, les roues et les roulements ! Dixit les anciens et c’est toujours vrai ! Les cadres utilisés par les coureurs pros sont dans le commerce et on peut s’équiper à l’identique si on a la possibilité d’investir entre 3 500 et 6 000 € bien sûr ! Car ici le but est de proposer à ces athlètes des châssis au poids réduit au maximum et capable de supporter la puissance d’un sprinter qui peut avoisiner les 2 000 watts. Les diverses marques proposent ainsi leur haut de gamme à l’élite sportive et financière. Mais elles en reprennent aussi les formes avec un composite plus simple (le terme regroupe les types de fibres de carbone ou autres, mais aussi la forme des pièces) pour des modèles plus accessibles. Le matériel des pros est donc bien disponible. Si on a le budget, on aura la même rigidité, la même aérodynamique et le même poids que les champions. Si on passe sur le modèle inférieur, on disposera de la même aérodynamique, d’une rigidité légèrement moindre et d’un poids légèrement supérieur. Les pros sont donc servis comme les amateurs fortunés, même si les fabricants conservent la possibilité de rajouter un ou des plis de carbone lors de la fabrication pour augmenter encore la rigidité de certains cadres pour des utilisateurs ou utilisations extrêmes. Ce qui est impossible ou presque, c’est le sur-mesure, la fabrication monocoque l’interdit. On peut certes jouer un peu sur l’implantation des cuvettes de direction, boite de pédalier et tige de selle (quand il y en a encore une), mais les modifications ne sont que de quelques minutes de degrés et d’une poignée de millimètres… Avec le budget, on peut donc avoir le même cadre que les pros à 99 % ! Exception faite des prototypes qui peuvent être utilisés tels quels pendant une ou deux saisons sans être dans le commerce.
Même si le fabricant propose de tels coloris team à son catalogue, il y a des petits détails qui seront indisponibles. Ici la petite bande jaune commémore la victoire sur le Tour de France 2018 de Geraint Thomas. (Crédit DimensionsVélo)
3. La transmission des vélos de pros, identique à celle du commerce
Freins dérailleurs, pédaliers et cassettes sont tous issus des lignes haut de gamme des divers fabricants. Sur les vélos de pros, on ne trouve plus, sauf exception que des freins hydrauliques à disque et des dérailleurs électroniques et cela se ressent sur le prix des « groupes » qui oscille entre 3 500 et 5 500 €. Là encore, ce qui fait la différence avec le niveau inférieur, c’est le poids. On peut compter à peu près 500 g d’écart entre deux niveaux de prix, mais aussi parfois il n’y a plus de transmission électronique en second niveau… Les pros utilisent aussi des capteurs de puissance et des transmissions optimisées avec roulements céramiques, chaînes traitées etc. Pour cela, on peut rajouter aussi 2 000 € à la note. C’est aussi disponible à la vente ! Là où il peut y avoir aussi des différences notables entre les vélos du commerce et ceux que le sport utilise, c’est au niveau des développements. Ils mettent parfois plus « gros » que ce que les fabricants de transmissions proposent, voire utilisent des combinaisons qui ne sont pas encore commercialisées. Mais c’est bien là la seule différence avec ce qui est proposé à la vente.
Le capteur de puissance alourdit les vélos, mais il témoigne parfaitement de l’effet réalisé par le cycliste. Il est largement présent sur les vélos des pros ! (Crédit DimensionsVélo)
Les pros utilisent parfois des combinaisons de plateaux non commercialisées comme ce 53-36… (Crédit DimensionsVélo)
Pour diminuer les frottements, dans certaines équipes, les dérailleurs arrière sont munis d’un nouveau train de galets. Roulettes plus grandes et roulements céramique. (Crédit DimensionsVélo)
4. Les roues, l’élément qui diffère le plus de nos vélos !
Pour les roues et les pneumatiques, les équipes pros ont des contrats et normalement ces éléments devraient être identiques à ceux du commerce. Devraient… Au niveau des roues, les coureurs pros peuvent utiliser des prototypes plus ou moins aboutis, mais ils peuvent aussi avoir des montages modifiés (autres jantes, autre rayonnage, autre tension) qui améliorent la performance au détriment de la fiabilité et de la durabilité. Comme ces matériels sont vérifiés quotidiennement, la prise de risque est minime pour eux. Le tarif d’une paire de roues commence à 2 000 € chez les pros… Idem pour les pneumatiques qui peuvent être munis d’une chambre à air différente de celle du modèle commercialisé. Les chapes peuvent être plus fines ou être dépourvues de renfort anti-crevaison pour gagner du poids ou améliorer la résistance au roulement. Là les prix évoluent de 60 à 100 € par pneumatique en moyenne.
Sur le boyau, il est écrit Pro LTD. Le secret de ce Continental Compétition est à l’intérieur : une chambre Latex là où le public a du Butyl. (Crédit DimensionsVélo)
Les marques testent en course de futurs pneumatiques qui sortiront ou pas ! (Crédit DimensionsVélo)
Les fabricants testent aussi des roues prototypes sur les plus grandes courses avant de les valider. Ici des proto Campagnolo sur le Tour de France 2022 chez Ag2-Citroën team et UAE Team Emirates. (Crédit DimensionsVélo)
5. Les points d’appuis, des zones surprenantes sur les vélos des pros
Ici tout est disponible à la vente, comptez quand même des montants de 200 à 600 € pour chacun de ces accessoires. Si pour le guidon en carbone, il n’y a rien de surprenant, la rigidité, le poids et la légèreté parlent d’eux-mêmes, pour la selle il en va autrement. D’une façon générale, les pros utilisent des selles nettement plus dures que le commun des mortels. Ceci peut passer pour une hérésie dans la mesure où ces athlètes roulent de longues heures sur des routes en plus ou moins bon état. Et pourtant c’est logique ! Quand on pousse sur les pédales, il y a une force de réaction qui tend à pousser le corps vers le haut. Elle est proportionnelle à la poussée, et si le cycliste est « léger » par rapport à elle, comme c’est le cas des pros, la force d’appui sur la selle est moindre. On peut donc rouler sur un Paris-Roubaix avec une selle tout carbone si on a les watts. Au niveau des pédales automatiques, axes titane et roulements céramique sont souvent de la partie, mais c’est au niveau de la force de tension de la mâchoire que tout se joue. Les pros utilisent généralement la tension maximale et dans le cas des pédales utilisant une lame carbone, ils choisissent souvent la valeur de résistance la plus élevée. Voire certaines marques mettent deux lames… perdant dès lors l’avantage du chaussage facile. Les pédales sont aux alentours des 150 à 200 €.
En dehors des couleurs, du double ruban de cintre, les coureurs peuvent vouloir de l’antidérapant. Ici du papier de verre… (Crédit DimensionsVélo)
Les coureurs pros ont parfois la chance, comme Sep Vanmarcke, de disposer d’une selle personnalisée, introuvable dans le commerce. (Crédit DimensionsVélo)
Pour augmenter le grip, il est possible de coller du tissu anti-dérapant sur la selle. Pour les chronos, Tony Martin mettait du papier de verre… (Crédit DimensionsVélo)
Certains coureurs adoptent des selles tout carbone. Primoz Roglič s’asseyait à même la coque en 2020 ! (Crédit DimensionsVélo)
Les pédales qui utilisent des lames de carbone en guise de ressorts proposent parfois des « tensions » différentes. Ici on est au max avec 20 N/m. (Crédit DimensionsVélo)
6. L’entretien et le montage, les vraies différences avec les vélos de pros !
Si on a les moyens financiers, on peut donc avoir un vrai vélo de pros. C’est vrai, mais il y a un grand mais. Le vélo d’un pro, ce n’est pas que ses composants, c’est aussi pour ne pas dire surtout son montage et son entretien. Sur un vélo de pros, tout est monté avec soin. Les gaines, durites et câbles sont piles à la bonne longueur. On retrouve aussi des accessoires comme les pattes porte-numéro, les dispositifs anti-saut de chaîne, des gaines thermorétractables pour faire cheminer ensemble durite et faisceau électrique, une finition de choix ! Et puis il y a l’entretien, les vélos sont nettoyés de fond en comble après chaque utilisation. Ils sont vérifiés, reréglés et lubrifiés. Les composants d’usure sont vérifiés ou remplacés avant d’être endommagés, principe de précautions. Ceci a un coût mais cela permet de quasiment disposer d’un vélo neuf ou presque à chaque départ. D’autant qu’un vélo de pros, hormis celui de l’entraînement, ne dépasse que rarement dans les équipes World Tour les 5 000 km. Techniquement si on a le budget, il est donc possible de rouler sur un vélo identique en tous points à celui des pros. Mais il faut aussi garder à l’esprit qu’on peut disposer d’un très bon niveau de performances avec un vélo de gamme inférieure dès lors qu’il est bien réglé, bien entretenu, propre et surtout bien lubrifié. Avec une chaîne et des roulements fluides, ce qu’on oublie trop souvent…
Ce petit accessoire évite bien des désagréments quand on change de plateau de façon brutale et que la chaîne risque de sauter. Même si les dérailleurs sont bien réglés. (Crédit DimensionsVélo)
Un vélo propre, c’est la base ! Une fois tout dégraissé et nettoyé, il est plus facile d’inspecter, de régler et de lubrifier. Et surtout l’huile travaille mieux sur une surface nette ! (Crédit DimensionsVélo)
Amovible ou non, l’accessoire qui permet de fixer la plaque numéro fait forcément partie du vélo de pro ! (Crédit DimensionsVélo)